Je ne suis
pas comme ça au départ. C’est après que c’est venu. Mais Franck ne se
rappelle plus quand. Petit à petit il croit. Je suis du même avis. C’est venu à
force d’écorchures. Les choses ont de moins en moins d’importance.
On lui a
appris. Ça ne part pas de nulle part.
Je le revois
petit et je l’imagine encore apprendre lentement alors que ce n’est qu’un
enfant, apprendre qu’à l’extérieur de son corps l’environnement n’est pas
favorable. Il vaut mieux rester dans un endroit où il ne peut rien lui arriver.
L’extérieur
le bouscule beaucoup. Il s’en souvient aussi si je lui en parle mais je ne le
ferais pas parce que c’est arrivé que ça lui donne envie de pleurer un peu. Et
Franck est mon ami, alors je ne vais pas lui faire ça.
J’ai d’ailleurs
parfois l’impression d’être davantage son père que son ami. Ça me met un peu
mal à l’aise.
Je le revois
quand il était petit. Je vois bien quand ça a commencer. Le corps s’adapte et
l’esprit est une grosse boule de pâte à modeler. On lui dit que « Zut !
rho… » que « mais… Non !!!... » et aussi des « … Bon.
Laisse ». Et je ne comprends pas toujours la violence des mots.
Mais parfois on le sort de sa bulle pour lui parler calmement.
On lui dit alors que ce n’est plus possible. Et qu’à partir de maintenant les choses vont changer.
Mais parfois on le sort de sa bulle pour lui parler calmement.
On lui dit alors que ce n’est plus possible. Et qu’à partir de maintenant les choses vont changer.
Franck a
entendu ces mots pour beaucoup de raisons. Dans sons éducation depuis qu’il est
enfant tout à toujours foiré.
Il m’a dit
un jour qu’il savait très bien que les parents se disputaient souvent à cause
de lui. Ce qui l’a étonné c’est quand en lisant un bout du journal intime de sa
mère, il a compris qu’il ne s’était pas trompé.
Un enfant
ressent ces choses. Un enfant sait quand il aurait mieux valu qu’il ne vienne
pas. Et un enfant sait quand il est préférable qu’il disparaisse. Mais il est
trop petit pour être responsable de quoi que ce soit. Alors il obéit à sa mère
et il joue.
Le monde
extérieur est très violent alors Franck apprend à ne pas l’écouter. Et son
éducation commence à lui passer au dessus de la tête. Les mots et les
réprimandes nombreuses le caressent au loin alors qu'il est lové dans sa tête
dans la chaleur de ses histoires de monstres qu’il invente. Il entends les
reproches. Tous. Il les a tous entendu. Les enfants ne sont pas sourds.
Si les
enfants n’obéissent pas, ça ne sert à rien de parler plus fort.
Si un enfant
ne suit pas les consignes ne penses pas qu’il est stupide.
Un jour un enfant
ne t’écoute plus.
Petit à
petit un jour un enfant apprend à se déconnecter.
Un jour un
enfant arrête d’écouter la violence du monde extérieur. Et tout fini par se
ressembler. Et un jour toutes les violences finissent par être les mêmes.
Un jour un
enfant finit par écouter uniquement ce qui se passe dedans. Et un jour un enfant
arrête de raconter à l’extérieur ce qui se passe en lui. Parce que les gens
sont déjà occupés à se disputer.
Et dehors c’est
déjà suffisamment violent.
Parfois il a
envie de pleurer. Mais je ne le fais pas. Parce que ça me mettrais mal à l’aise.
C’est
flippant de voir un adulte pleurnicher comme un enfant de cinq ans.
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