samedi 3 décembre 2011

Je veux pas dormir. J'ai peur.


À peine ai-je fermé les yeux qu'un, deux, trois rêves se succèdent à une vitesse étonnante. Je me réveille en sursaut. Parfois je demande à la personne à côté de moi, quand il y en a une, si j'ai hurlé en vrai ou si c'est dans mon rêve, sur ce même lit, au même instant, que j'ai hurlé. Une voix pâteuse me dit que non. Une voix pâteuse me dira plus tard que non, aucun des voisins ne se sont disputé violemment dans le couloir, au vu et su de tout les habitants.

Ça a été comme cela toute la nuit. Des rêves effroyables et d'une réalité déconcertante. Qui se sont enchainé. Il suffit de fermer les yeux pour que des images angoissantes me passent par la tête, m'entrainant doucement vers un sommeil qui aura tout le loisir d'appuyer sur des images plus vraies. Qui font plus mal.

C'est comme cela depuis plusieurs jours. Et comme je dors seul, en pleine nuit il m'arrive d'avoir peur de fermer l'œil. Peur de revoir d'un coup au fond de ma rétine ces scènes absurdes qui me flasheraient comme sur l'autoroute.
C'est toujours très réel. La plupart du temps ce qui m'angoisse c'est que j'ai l'impression de me tortiller dans mon lit pour me forcer à ouvrir les yeux avant de me réveiller. Puis, après quelques secondes de doute, je sais. Je dormais donc.
"Tu ne m'as pas entendu parler? Tu ne m'as pas entendu dire "ouvres les yeux putain... ouvres les yeux...", vraiment?". Toujours la même réponse.
Non. Et pourtant dans ma peur incompréhensible j'étais bien là les paupières brutalement tenues chacune par une main entre le pouce et l'index, entrain de croire qu'il se passe quelque chose parce que je ne peux pas ouvrir les yeux et que des choses horribles se passent sous mes yeux.
Je veux les ouvrir et j'en viens à me supplier d'y arriver. À m'en faire mal aux globes oculaire.

Quand j'ouvre les yeux, plus rien. Juste la peur de les refermer.

Il n'y a pas de code dans les rêves. Pas de style. Il n'y a pas de clichés d'indice. Au cinéma, pour qu'un film fasse peur il faut respecter un cahier des charges très strict. Les rêves n'ont pas cet impératif. Il te suffit de rêver d'une jeune fille qui se fait déposer par son père. De la laisser passer un après-midi avec toi, dans ton grand jardin à la verdure irradiante d'un magnifique soleil d'été en compagnie de tes frères et d'autres invités. De te mettre torse nu et de vous amuser à vous arroser. De la laisser faire une sieste en haut puis de voir son père arriver, de la voir descendre précipitamment, de souhaiter que son père n'ait rien vu.
Il te suffit de cela, et de te dire que ce rêve sera un cauchemar effroyable. Et il le sera.
Mystérieusement.
Depuis plusieurs jours j'ai peur de fermer les yeux la nuit. Parce que les rêves font ce qu'ils veulent.

J'ai l'impression de rapetisser inexplicablement. De regagner une innocence angoissante, de devoir lever bien haut ma main d'enfant qui a mystérieusement ongles rongés par une peur âgée de trente ans. De lever cette main vers le ciel, pour qu'un adulte vienne la saisir et me rassurer. Avant de dormir il mettrait la veilleuse.
Ce serait bien.

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